Publié le 26 Septembre 2022

À court terme, c'est-à-dire temporairement, la CAQ se fait rassembleuse des courants nationnaliste, souverainiste, indépendantiste, voire même fédéraliste en promulguant dans un pragmatisme efficient les valeurs, la culture et l'identité québécoise. Au même moment pourtant, dans une certaine ambivalence, l'ensemble de ces traits d'appartenance faibli, décline et se perd. À plus long terme, ces distinctions sociétales disparaîssent, lentement mais sûrement faute de soutient plus solide et permanent. Pertes qui ne cessent de causer au Québec une lente douleur agonique de plus en plus exacerbée.


Depuis que la CAQ a pris le pouvoir en 2018, il s'avère difficile de savoir avec justesse ce qui motive prioritairement les orientations prises par son chef devenu Premier Ministre. L'électorat québécois a pu enfin s'en faire une idée assez précise ces derniers jours pendant l'actuelle campagne électorale; François Legault y solicitant le pouvoir pour un deuxième mandat. Durant l'un des débats télévisés des chefs de parti, le Premier Ministre sortant a affirmé qu'il est absolument prêt à ne jamais déclencher de référendum sur la souveraineté du Québec soutenant que le projet caquiste se trouve à l'intérieur du Canada. Lors de ce face à face de deux heures environ, il est même allé jusqu'à invectiver à trois reprises le chef péquiste St-Pierre-Plamondon comme le PQ de n'avoir de yeux que pour l'indépendance du Québec. Avec de telles révélations, comment se persuader que Legault pourrait conserver quelconques formes de convictions envers les assises souverainistes, dont celles du PQ? Même pour les désabusé-es qui discrètement l'espéraient, il n'y a plus raisons d'y croire. D'ailleurs, c'est à se demander s'il en a jamais eues même lorsqu'il était au PQ à la fin des années 90?  Le paternel Daniel Johnson de l'ex Union Nationnale, comme ses deux fils Pierre-Marc et Daniel, certains bloquistes tel Lucien Bouchard, les frères Campeau, François Legault et bien d'autres faux-Q nationnalistes, toute une clique qui depuis trop longtemps mange à la même table que les fédéralistes.

 

De toute manière, comment une ambiguité pourrait être entretenue sur un enjeu aussi fondamental? En fait, tout ce qu'il reste de la CAQ, en se détournant définitivement de l'indépendance, c'est son pragmatisme qui aura eu au moins le mérite de sortir du statu-quo péquiste et de mettre de la pression sur le fédéral. En l'occurence, cet actuel pragmatisme "nationnaliste-fédéraliste" n'ira plus bien loin. Un pragmatisme souverainiste aurait été bcp plus profitable à la CAQ. Malheureusement dans son dernier retranchement, il ne lui reste plus à présent que la prédominance de sa coalition. Ce qui lui a bien plus permi à l'élection de 2018 de ratisser large pour prendre le pouvoir même si c'était au dépend de la division du vote du PQ, nous débarassant ainsi de la corruption libérale. 


Que pourra-t-elle rechercher dorénavant à part se servir encore plus de ce capital politique pour tenter d'élargir potentiellement son électorat; incitant encore à ne pas diviser les votes pourtant volés au PQ, prônant la nécessité de travailler "tous ensemble" mais à ses côtés.


Comme Bourassa, Legault n'arrivera au bout du compte qu'à être un pantin du fédéral... La 96 et la 21 sans colonne comme la 178, débarassées de la clause dérogatoire, finiront tôt ou tard par soit être abrogées, soit être vidées de leur substance essentielle.


À la limite, embrassant le fédéral, Legault nous fera une proposition passe-partout à la Meech ou à la Charlottetown... Malheureusement, il n'est pas malaisé de constater que ces deux accords avortées n'apporteraient plus aujourd'hui que des accomodements forts négligeables pour les Québecois-es, surtout lorsqu'ils sont examinés avec du recul et ramenés dans le contexte actuel. C'est quaïsiment une bénédiction qu'ils n'aient pas passés au scuptin en 1987 et 1992 car ce serait devenu très difficile pour le Québec de ne pas signer la constitution canadienne. C'aurait été une sacrée inanité d'en arriver là moyennant des avantages de fortunes. "Un beau risque"...!?  Lévesque ne pouvait pas mieux anticiper. En effet: un satané risque, devrait-on dire maintenant. Le même danger pourrait survenir avec Legault de signer une constitution modifiée qui se révèlerait aussi désavantageuse avec le temps.

 

Surtout si dans un éventuel second mandat, l'on considère ces quatres volontés caquistes: de s'entretenir collectivement sur la façon d’évaluer les lois du Québec, de mettre de l’avant un concept de "droits collectifs" pour que les lois du Québec soient évaluées en fonction de la Charte québécoise des droits et libertés, de vouloir négocier avec Ottawa le rapatriement complet des pouvoirs en matière d’immigration; des intentions qui, il ne faudrait pas s'en surprendre, pourraient être soumis à un référendum pan québécois.


Le fait de toujours conserver un rapport de force respectable avec le fédéral en gardant le cap sur l'éventualité d'un référendum pour obetenir plutôt l'indépendance du Québec, ne ce sera jamais avéré aussi nécessaire que maintenant. Face à une disparition d'appartenance identitaire inéxorable, le discours de séparation devra finir par être assumé dans son entièreté peu importe les divisions qu'il pourra susciter.

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Rédigé par DProu

Publié dans #Articles - Création, #Éthique et Politique

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