critiques et analyses d'oeuvres d'arts

Publié le 30 Septembre 2017

 

C'est à se demander si dans toute l'histoire du cinéma, un film a suscité autant d'attentes. Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment hâte au 6 Octobre prochain pour voir ce "Blade Runner 2049" dont on ne cesse depuis longtemps de spéculer. Je crois que l'ambiance sera très particulière dans les salles de cinéma québécoises, surtout à cause de la fierté qu'on vouera à Villeneuve et sa création.


Déjà de faire partie de la grande industrie du cinéma hollywoodien et d'avoir obtenu des nominations aux Oscars à plusieurs reprises pour ses autres réalisations, est tout un exploit.. D'ailleurs, non seulement aux États-Unis mais sur toute la scène internationale, de plus en plus de réalisateurs québécois réussissent à se faire valoir. On a qu'à penser à Jean-Marc Vallée, Xavier Dolan, Philippe Falardeau, François Girard ou encore Denis Arcand, Frédéric Back et Michel Brault qui pour leur part, ont ouvert la voie. Cependant, qu'un Villeneuve se voit accoder le privilège de tourner la suite d'un film culte comme "Blade Runner"et qu'on lui donne carte blanche, ie qu'on lui accorde le droit de faire du cinéma d'auteur dans la grosse machine hollywoodienne, ça c'est avoir de la grandeur et plus que méritée !!!


Hollywood est plutôt grandiose, c'est certain et le "Star Système" possède ses propres manières autant formelles qu'industrielles de faire du cinéma mais ce n'est pas toujours seulement que pour se montrer "vendeur" et les contenus qui en ressortent ne servent pas qu'à promouvoir exclusivement le patriotisme ou le capitalisme américain. Parfois c'est même le contraire. "Titanic" ou "Avatar" de Cameron ou "Gladiateur" de Scott en sont de bons exemples... Les films de Soderbergh ou l' "American beauty" de Mendes qui a même remporté l'Oscar du meilleur film en 1999 sont d'autres bons exemples. D'autres oeuvres qui sont sorties ces dernièrs temps, pourraient être mentionnées aussi et il ne faut pas oublier le cinéma dit new-yorkais de Scocesse, Allen, etc...


Le cinéma de Villeneuve se situe justement dans cette mouvance. Voilà la raison principale pour laquelle l'ensemble des Québecois-es arrivera a être fiers du film de notre cinéaste, c'est qu'il sera possible de s'identifier à ce que le Québécois Villeneuve fait d'exceptionnel, de beau, d'original, de personnel et de constructif et que le commun des mortels n'est pas en mesure d'accomplir par manque de talents ou de moyens. En fait, ce qu'un artiste comme Villeneuve peut réussir à faire à travers son art, c'est de réaliser une part de notre accomplissement sans que ça ne deviennent nécéssairement une question patriotique ou politique. Juste pour ça, n'y a-t-il pas de quoi être fiers ? Quand un Villeneuve fait un film, c'est nous tous qui le faisons aussi comme lorsqu'une Dion chante, c'est nous tous qui chantons avec elle. Et comme Céline, quand Villeneuve parle l'anglais, ben il a vraiment un fort accent, c'est l'fun... on se reconnaît... Est-ce que nos politiciens tels Couillard, Trudeau ou tous nos corrompus peuvent en faire autant, eux qui la plupart du temps ne réussissent qu'à enlaidir et salir un monde que les artistes doivent continuellement ré-embellir ?


Espérons que Villeneuve pourra et saura rester dans la pureté créative de sa vision personnelle en évitant les pièges salissants de la commercialisation cinématographique hollywoodienne. Il ne manquerait plus que ce film soit un chef-d'oeuvre pour que son nom passe à l'histoire du cinéma mondial malgré que ce qui devient culte n'en fait pas toujours partie. À défaut de quoi on pourrait se rabattre sur des possibilités de records de recettes ou d'audience.


Évidemment, il faudra voir ce film avant et ne pas trop présumer pour rien...  


Enfin, on verra bien... 


Le 06 Octobre... 2017...

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Publié le 29 Mai 2017

Ça fait déjà quelques semaines qu'on l'attendait à Montréal. Depuis sa sortie à la Mostra de Venise en Septembre, les critiques de presque partout n'ont cessé de l'encenser et pour cause. On a parlé surtout de sa cohérence, de son originalité, de sa modernité comme de sa maîtrise et de son ambiance unique.


Comme quelques autres de ses réalisations dont "Incendie", "L'Arrivée" de Villeneuve est un film complexe à la compréhension mais épurée et dépouillée de tout artifice. L'exagération des effets spéciaux comme de la musique d'accompagnement et l'héroïsme du star système hollywoodien qui trop souvent rendent les récits de sciences-fiction simplistes, y sont quasi exclus laissant place à un esthétisme très sobre, mûri et propre au réalisateur. Les images exclusivement tournées au Québec, plus particulièrement à St-Fabien et Rimouski, montrent qu'il n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout de la planète et de dépenser des fortunes pour produire ce genre de film et permettent de nous affirmer par rapport au reste du monde.


Des le début de la première séquence, l'utilisation de flous artistiques et de plans rapprochés sur les protagonistes donnent le ton. Une atmosphère onirique, douce et prenante est ainsi projetée exprimant une introspection intimiste personnifiée auquelle le spectateur peut s'identifier émotionnellement sans faux-semblants. Par la suite des images plus froides à la Whistler évoquant une réalité plus dure et sombre, viennent contraster de manière distante avec ce prélude. C'est dans ce climat que le personnage principal Louise Banks (Amy Adams), une spécialiste des langues accepte à la demande de l'armée américaine d'essayer de traduire le langage d'extraterrestres soudainement arrivés sur la Terre avant que d'autres États utilisent la force contre eux.


Cette première séquence est un élément clé de cette réalisation puisqu'au niveau de la chronologie narrative, elle représente le futur malgré qu'elle soit portant située au début de l'histoire. On pourrait croire à un flash back mais elle est en fait comme une appréhension intuitive projetée de l'action qui s'en vient. Assez subtile et rare au cinéma, on ne le remarque pas forcément au premier abord. Cependant, avec un peu de recul et en reliant cet intro au reste du récit, on finit par en déduire que tout l'ensemble de "L'Arrivée" est en fait une réflexion sur la perception du temps et de son espace réel ou fictif (imaginaire) et de la manière de pouvoir y communiquer.


Autant Spielberg, Kubrick, De Palma, Zemeckis que Nolan ont tenté d'explorer cette dimension et sa vraisemblance dans leurs oeuvres; les réalisateurs des Star Wars, des Startreks, des Terminateurs, de Blade Runner ou d'Avatar aussi mais avec moins de soutien. Disons que pour ces derniers, ce n'était pas le principal propos. Tous ont échoués évidemment devant la complexité de ce défi; même le génial Kubrick avec son symbolique monolithe dont il ne peut expliquer et encore moins justifier le pouvoir hormis qu'il soit rectangulaire et évoque à son passage une certaine rationalité. Villeneuve va plus loin. Dans la scène culminante de son film, un ultime contact est établit entre l'un des aliens heptapode et la linguiste spécialisée. Il s‘agit non pas d'un quelconque lien ésotérique de thélépathie inexplicable ou inexpliquée, ni de formules mathématiques sans fondement révélées permettant tout à coup de construire des machines et de voyager dans le temps mais d'une capacité de perception de l'avenir à la fois plus rationnelle et intuitive dont la terrienne peut concevoir elle-même parce que soutenue par l'alien et une manière de communiquer plus élaborée que seule une spécialiste des langues peut arrivé à comprendre. Une forme d'écriture reliant à la fois le passé et le futur à l'instant présent comme la pensée introspective et le vécu du personnage principal, comme la fiction projetée de la vision de Villeneuve qui devient réalité avant de rejoindre le passé.


Toute l'originalité de cette science-fiction de Villeneuve se retrouve donc à la fois à travers ce contenu au propos cohéremment justifié et à travers sa forme épurée d'où émane une atmosphère unique et une vraisemblance qui risque de rester longtemp inégalée.


Le très attendu "Blade Runner 2049" sortira en Octobre 2017. Peut-être que Villeneuve saura avec cette nouvelle fiction égaler et même parfaire encore plus la profondeur et l'ingéniosité de son oeuvre. Cependant il sera difficile de faire mieux d'autant plus que les attentes seront très grandes. Comme il l'a déjà dit lui-même: " l'échec n'est pas (et ne sera pas) une option".

DProu

 

 

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